jeudi 11 juillet 2013

Max - Sarah Cohen-Scali

Max
de Sarah Cohen-Scali
Gallimard Jeunesse, 2012.

Quatrième de couverture: 
"19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Führer. Je serai béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans Loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler !"
Max est le prototype parfait du programme "Lebensborn" initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéeal destinée à régénérer l'Allemagne, puis l'Europe, occupée par le Reich. 



Parfois, les livres appellent leurs lecteurs. Il n'y a eu aucun avis de blogueurs, il n'y a eu aucun conseil de libraires. Je n'avais pas vu passer ce récit sur les réseaux sociaux. Il était juste là devant moi, dans une librairie. Je n'avais pas l'intention d'acheter de livres, juste "regarder". Et pourtant en moins de cinq minutes, nous nous dirigions tous les deux vers la caisse. La présentation m'a interpellée, le récit entier m'a scotchée.

Pour les romans historiques, j'apprécie commencer par lire les propos de l'auteur ou de l'éditeur, qui cadre le contexte historique et la proportion fiction / réalité. Dans ce cas précis, les deux premiers paragraphes de la Note de l'auteur mettent tout de suite dans l'ambiance. 
Ce roman s'inspire de faits réels:
Le programme "Lebensborn", initié par Heinrich Himmler et mis en place dès 1933 en Allemagne, puis dans les années 1940-1941 dans les pays occupés. On estime à environ huit mille le nombre d'enfants nés dans les foyers du Lebensborn en Allemagne, entre huit mille et douze mille en Norvège, quelques centaines en Autriche, en Belgique et en France.
L'enlèvement et la germanisation d'enfants polonais. (Des enfants ukrainiens ou issus des pays Baltes furent également concernés. On estime que le nombre d'enfants arrachés à leurs familles s'éleva à plus de deux cent mille.)
Ma première pensée fut "Comment est-ce possible ?" Pour moi, l'idée de faire de planifier et d'organiser la production d'enfants, répondant à des critères esthétiques précis est inconcevable. 
Le roman est divisé en quatre parties, en fonction des lieux d'habitation de Max, qui correspondent à des tranches de vie de l'enfant, et à des repères historiques réels. Les deux premières parties m'ont particulièrement dérangée. Max est tout petit, il vient de naître, pourtant le texte est à la première personne du singulier. C'est étrange, d'écouter un bébé parler, aussi crûment. Il voue un culte à Hitler, il parle de sa mère, comme d'une poule pondeuse. Au début, je me suis posée des questions, sur le texte, sur son intérêt, puis au fil des pages, j'ai remis ces dires dans un contexte plus global, j'ai commencé à comprendre le fonctionnement du programme Lebensborn

Ce livre parle d'un aspect de la Seconde Guerre Mondiale, que je ne connaissais pas. Dans mes cours d'Histoire, il avait été question des critères physiques de la race aryenne, et de la Jeunesse Hitlérienne, mais sans donner de réelles précisions. 
Même si je ne peux pas dire, que ce roman fut une lecture plaisante, je le recommande chaudement. Derrière sa cruauté, et sa violence parfois, il y a une réalité. Il y a une Histoire de l'Allemagne à connaître. Il y a aussi un espoir, celui d'un enfant à la vie programmée, vouée à la cause hitlérienne, qui a tenu jusqu'à la fin de la guerre. 

6 commentaires:

  1. J'ai vu passer ce livre en bibliothèque et il avait attiré mon attention. Ton avis me conforte, merci :-)

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  2. J'ai prévu de le lire pendant les vacances. J'en ai entendu beaucoup de bien !

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    1. J'espère que tu aimeras, même si ce n'est pas forcément une lecture plaisir.

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  3. lu et choquée par la cruauté de l'écriture mais de la pure réalité. Un peu compliqué pour moi de transmettre ce livre à des ados de 3ieme dont le sujet est abordé dans leur programme de 3ieme; il leur faut bcp de maturité

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    1. Je pense qu'il faut en discuter avant avec l'adolescent. Mais par rapport à ce que certains peuvent voir en fiction dans les films... Effectivement peut être pour tous, sans discussion préalable.

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