Comédie musicale de Hervé Hamon
JBZ & Cie, 2011.
Cinq. Ils sont cinq prisonniers de luxe dans une villa de Los Angeles, en raison du contrat qu'ils ont signé avec Don Miller, le patron du studio: lequel leur a donné quelques semaines pour accoucher d'une comédie musicale;
Ils sont bons, ce sont même les meilleurs, chacun dans sa partie: scénariste, dialoguiste, compositeur, créatrice de lyrics. Trois hommes, deux femmes. Élégants, séduisants, plutôt impertinents et caustiques, bien dans l'esprit d'Hollywood. Mais nous sommes en 1950, la "chasse aux sorcières" a commencé et l'ordre règne, l'ordre de McCarthy. Ils rêvent de passer entre les gouttes. N'empêche, les temps sont difficiles...
Il paraît qu'une comédie musicale, ça finit toujours bien; Oui, presque toujours...
Les palmiers, le ciel bleu, l'enseigne lumineuse annonçant une comédie musicale, ces éléments me plaisaient. Par contre, je me demandais ce qu'était cette villa cubique, ce tas de legos informatisé. Une petite déception. Ne nous arrêtons pas trop à la couverture, je ne compte plus le nombre de fois où je me suis faite avoir par l'habit du moine. J'ouvre et je me dis que le format du livre me plaît, ce n'est pas un poche, ce n'est pas non plus un gros volume qui prend toute la place entre les mains.
Je croyais le décor planté, avec la date introduisant le roman: février 1950. Je me suis vite rendue compte que je ne connaissais pas bien cette période de l'Histoire en ce qui concerne les USA. Cette immersion dans la "chasse aux sorcières" de Hollywood, sur fond de guerre froide correspond pour moi à un des points importants de ce roman. Sans nous perdre dans des rappels historiques, l'auteur invite à se renseigner sur cette période, mais il donne également assez d'éléments pour comprendre le déroulement de l'intrigue au lecteur peu intéressé par les références historiques.
A plusieurs reprises, j'ai repris la page de titre pour être absolument sûre que je n'avais pas entre les mains la traduction d'un roman américain. C'est bien un auteur français (sauf erreur de ma part), qui raconte la création d'une comédie musicale se déroulant dans les rues de New York. Les multiples taxis jaunes typiques font leur entrée dès le premier chapitre.
La naissance du scénario de la comédie musicale se déroule en parallèle de la mise en place de l'intrigue principale. J'ai beaucoup aimé ce duo, ou ce duel peut être devrai-je dire. Il y a deux histoires en une. Chacune alimente le suspens de l'autre. Ce roman n'est pas un polar, et pourtant il m'a fait penser à ce genre littéraire. L'ambiance est plombée. On sent la tension d'un mystère à élucider. On s'attend à voir surgir un cadavre accompagné de son assassin à chaque page. Le narrateur omniscient, qui permet d'entrer dans les pensées de chaque personnage à tour de rôle, donne l'impression d'un jeu de piste, avec des indices permettant d'élucider le mystère.
Morceau choisi pour montrer que l'humour s'associe très bien avec les références historiques:
[Hannah] fonce, convaincue qu'elle peut prendre les autres de vitesse. Elle planque même dans le bureau du juge un magnétophone à bande.
- Ca existe, un truc pareil? demanda Lily.
- Ca vient tout juste de sortir, confirma Tania, on s'est renseignés. Une machine japonaise, de marque Sony si tu veux tout savoir; L'appareil est un peu gros, mais on le casera parmi les rayons d'une bibliothèque, dissimulé dans de faux livres. (p.154)
Ce roman n'est pas un livre jeunesse, mais je le recommande vivement.
Je remercie les éditions JBZ & Cie pour la découverte de ce livre.
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