vendredi 11 avril 2014

Quand les Je Bouquine donnent des romans

Deux Je Bouquine, qui donnent des romans, 
Deux romans de Je Bouquine, qui grossissent pour leur sortie en livre, 
Deux histoires que j'ai beaucoup aimées. 

Un roman avec des échanges de lettres, 
Un roman, qui est carrément devenu une dystopie en deux tomes, 
Deux romans à lire dès le collège. 

Quand les Je Bouquine donnent des romans ...


Le garçon d'à côté de Maïa Brami du n°348 de février 2013 devient ... 

Les princes charmants n'existent pas
de Maïa Brami
Nathan, 2014. 

Présentation de l'éditeur :
À quinze ans, Nora est une incorrigible rêveuse, qui préfère le glamour hollywoodien d'une Ava Gardner aux amours bien prosaïques de sa copine Julie avec le beau gosse du lycée. Lorsqu'un jour une lettre de rupture adressée à son voisin, un certain Rodrigue, tombe sur son balcon, elle renvoie la missive au bon destinataire. Il lui répond. De lettres en lettres, les deux jeunes gens deviennent intimes. Sans vraiment oser passer à l'action, Nora ne peut s'empêcher de rêver à une histoire d'amour avec Rodrigue. Mais la réalité peut-elle être aussi belle que le fruit de son imagination?


Le titre de ce roman ne me disait rien. J'ai commencé à lire avec une envie de légèreté et d'histoire d'amour. Puis au bout d'une dizaine de pages, une impression de déjà-lu s'est emparée de moi. J'ai fouillé internet,  mais ce n'était pas une réédition, ni une traduction. J'ai fait un appel sur Facebook, "Ça vous dit rien une adolescente, qui porte toujours les pulls de son père et qui échange des lettres avec son voisin, qui est pianiste, sans vouloir se croiser ?". Non, ça ne disait rien, à personne. 
Puis le lendemain, j'ai eu une illumination. J'ai revu le visage de cette jeune fille, de la couverture du Je Bouquine, et je me suis souvenue. Un peu de temps pour localiser le magazine, et j'ai eu ma confirmation. 

Pour ce qui est de l'histoire, tout est dit dans la présentation de l'éditeur. J'ai eu envie d'être cette jeune fille qui découvre par hasard une lettre sur son balcon, qui ne lui est pas destinée. J'ai pris plaisir à la redécouvrir dans son grand format. C'est intéressant de repérer le moment où tout bascule, l'instant où l'auteur décide de changer le cours de l'histoire, pour la faire rebondir et prolonger le récit. Car oui, pour transformer un récit Je Bouquine en un bouquin de 293 pages, il ne suffit pas d'augmenter la police de caractères et l'interligne ! 

Voilà l'endroit où Diane ne va pas ouvrir la porte à Rodrigue, la page où elle charge son père ce voisin, qu'elle n'est pas encore prête à rencontrer. Un tiers du roman environ, et ensuite ... Ensuite ce ne fut que découverte et nouveauté, je ne savais plus ce qu'il allait se passer. 


J'aimé cette expérience de lectrice d'une réécriture. J'avais aimé le Je Bouquine, j'ai aimé le roman. Il est à recommander à tous les lecteurs qui ont envie d'une histoire d'amour, mêlée au suspens de l'échange de lettres par balcons interposés. 
C'est aussi une réflexion sur la possibilité d'un amour virtuel. Après tout, cela serait moins romantique, mais cela aurait très bien pu être une rencontre sur internet, avec la peur de se rencontrer en vrai ... 

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La fille du 995.36 d'Yves Grevet du n°321 de novembre 2010 devient ... 

Nox
Tome 1: Ici-bas 
Tome 2: Ailleurs
Syros, 2012 et 2013.  

Un récit de Je Bouquine qui devient une dystopie en deux tomes, c'est étonnant, 
Un récit de Je Bouquine qui devient une dystopie en deux tomes, c'est plaisant. 

Pour cette transformation, Yves Grevet a bien voulu répondre à mes questions. Le principe n'est pas du tout le même que pour le roman précédent. Il n'y a pas un allongement, à partir d'un événement modifié dans l'histoire. Pour Nox, il y a eu une reprise de l'univers, de quelques personnages, et de certains éléments du récit, mais aussi beaucoup d'ajouts  pour donner à l'histoire de l'ampleur. 

Deux romans que je vous conseille, dont j'ai plus amplement parlés ICI, aucun besoin de lire le Je Bouquine, les romans sont beaucoup mieux que l'histoire d'origine ! 


Interview d'Yves Grevet, réalisée en 2013
Bonjour Cécile, 
À la remise du Prix Tamtam Je Bouquine en 2008 obtenu pour le premier tome de Méto, la rédactrice du journal m’a commandé un roman. J’ai d’abord fini les trois tomes de Méto avant de lui répondre en lui envoyant le récit de 60 000 signes que vous avez lu. C’est le format obligatoire. 
L’idée de Nox est venu au cours de la rédaction du tome 2 de Méto où mon héros (dans le premier chapitre) était rendu aveugle et contraint de vivre dans le noir. Il utilisait son odorat, son ouïe mais aussi analysait les déplacements d’air. C’est cette obscurité que j’ai voulu retrouver dans le projet pour Je bouquine. A partir du noir, j’ai conçu un univers : un nuage de pollution qui bloque les rayons du soleil, une hiérarchie sociale déterminée par la quantité de lumière dont on dispose, une recherche permanente de lumière par divers procédés intégrés à la vie quotidienne etc…. 
Au final, j’étais content du résultat mais je m’étais trouvé « à l’étroit » dans ce format. Inventer un univers et y faire vivre une intrigue, plusieurs personnages en 60 000 signes, cela laisse quelques frustrations. Sur le blog du journal, les lecteurs réclamaient une suite ce qui pouvait signifier qu’ils trouvaient que ça manquait de développement. Alors petit à petit, le projet a germé de pouvoir développer l’histoire et j’en ai parlé à mon éditeur qui était intéressé. C’est ainsi que Nox est né. 
Aussi, même si on retrouve les mêmes personnages principaux et la scène de la rencontre entre Lucen et Ludmilla, le projet en deux volumes avait d’autres ambitions. Très vite, j’ai senti qu’il s’adresserait plutôt à des ados un peu plus grands que ceux qui composent le lectorat de Je bouquine en y travaillant le thème de l’héritage et de la paternité (comment se situer par rapport à ses parents, comment devenir parent à son tour en reproduisant ou en s’écartant du schéma qu’on a vécu…) J’avais aussi envie de donner la possibilité à plusieurs protagonistes de s’exprimer, allant même jusqu’à raconter quelques scènes selon plusieurs points de vue. 
Pour résumer, dans le court roman de Je bouquine, tout était en germe et demandait à s’épanouir. -
Yves Grevet

Pour lire ce que j'avais écrit au sujet du tome 1 de Nox, Ici-Bas, c'est par ICI
Pour découvrir, l'ensemble de la lecture commune réalisée avec mes acolytes d'À l'ombre du grand arbre, c'est par

2 commentaires:

  1. Ah c'est drôle, c'est ma chronique du jour ! http://maman-baobab.blogspot.fr/2014/04/une-lettre-plusieurs-meme-peut-etre.html

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  2. Je suis étonnée de découvrir les origines de "Les princes charmants n'existent pas", ça a dû être une sensation perturbante ! En tout cas, la couverture du "Je bouquine" lui convenait bien mieux, je trouve :)

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